Constant Mutamba sort la toge et la kalach pour rétablir la vérité sur la mort de Fiston Kabeya
Kinshasa – Dans un pays où l’impunité circule plus librement que les véhicules sur l’avenue Mondjiba, le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, a décidé de sortir de son bureau climatisé pour affronter un dossier brûlant : la mort du policier Fiston Kabeya, tué après avoir eu le malheur de faire… son travail.

Le drame s’est joué le 25 mars dernier, sur cette fameuse avenue Mondjiba, théâtre quotidien de contorsions automobiles et de gymkhanas présidentiels improvisés. Ce jour-là, Fiston Kabeya, policier PCR zélé mais pas suicidaire (du moins pas officiellement), a eu l’audace de demander à l’escorte de la Première ministre Judith Suminwa de respecter le sens de circulation. En d’autres termes : il a osé rappeler la loi à ceux qui se croient au-dessus d’elle. Résultat : il ne rentrera pas chez lui ce soir-là.
« Allez à l’Est, arrêtez de perturber les gens ici », aurait-il lancé. Une phrase devenue célèbre, non pas parce qu’elle était provocante, mais parce qu’elle fut, apparemment, une condamnation à mort instantanée. Dans une République démocratique, il semble que demander aux autorités de suivre les règles soit plus risqué que d’arrêter un pickpocket armé d’une machette rouillée à Matete.
Heureusement, le tout nouveau ministre de la Justice, Constant Mutamba — qui n’a pas encore eu le temps de s’user le fauteuil — a saisi l’occasion pour montrer qu’il ne plaisante pas. « Injonction à l’Auditeur supérieur de la Gombe ! Poursuites en flagrance ! Justice exemplaire ! », tonne-t-il dans un communiqué qui a failli provoquer un vent de panique chez ceux qui croyaient encore que le Garde des Sceaux ne gardait que des secrets.
L’objectif ? Que les auteurs de cet acte barbare (et bien entourés, cela va de soi) « subissent la rigueur de la loi ». Une phrase qui, dans le contexte congolais, peut soit signifier “prison ferme avec procès médiatisé”, soit “transfert en douce vers un poste diplomatique au Bangladesh”.
Mais attention : l’affaire est sensible. Elle touche à plusieurs nerfs à vif : la militarisation du pouvoir, l’excès de zèle des services d’escorte, le mépris du petit agent de l’ordre par ceux censés l’incarner, et surtout… la tendance des autorités à croire que les rues de Kinshasa sont leur circuit personnel de Formule 1.
Alors que l’opinion publique, les réseaux sociaux et même les pasteurs se déchaînent, une question demeure : cette affaire marquera-t-elle un tournant dans le respect des droits des agents de l’ordre… ou rejoindra-t-elle le musée des scandales classés sans suite ?
En attendant, le ministre Mutamba a promis que “la vérité sera rétablie”. Ce qui, en soi, est déjà une promesse révolutionnaire. Restons objectifs : au Congo, quand un ministre promet la vérité, c’est presque déjà un miracle.
La rédaction