En RDC, la neutralité coûte cher : le PPRD apprend à ses dépens le prix du mutisme
Kinshasa siffle la fin de la récréation politique silencieuse : le gouvernement congolais a suspendu ce samedi le Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), formation de l’ancien président Joseph Kabila. Motif ? Un silence jugé « complice » face à l’agression rwandaise dans l’Est du pays. Dans un communiqué officiel, le ministre de l’Intérieur, Nico-Premion, a décidé qu’en République démocratique du Congo, même le mutisme peut être une prise de position et celle du PPRD, visiblement, était du mauvais côté de l’Histoire.

Le gouvernement reproche notamment à M. Kabila, sénateur à vie, son retour discret à Goma, ville toujours sous menace rebelle, sans qu’il ne lâche ne serait-ce qu’une déclaration tiède sur l’occupation d’une partie du territoire par le Rwanda et ses alliés du M23. Trop de silence, pas assez de souveraineté, déplore le ministère, qui cite fièrement la loi n°04/002 sur les partis politiques, comme un professeur sortant son règlement intérieur à la veille d’un conseil de discipline.
Résultat : suspension des activités du PPRD sur toute l’étendue du territoire national, en attendant mieux ou plus bruyant. L’État promet de saisir la Cour constitutionnelle, histoire de bien ancrer l’idée que désormais, en RDC, la neutralité silencieuse est une faute, surtout si elle vient d’un ancien président. On s’attendrait presque à ce que les partis politiques publient désormais un quota mensuel d’indignation nationale pour rester en règle.
Du côté du PPRD, c’est le calme plat comme une confirmation par l’exemple. Aucune déclaration, aucune riposte, pas même un communiqué au conditionnel. Peut-être que le silence est désormais leur ligne éditoriale assumée. Ou alors, Joseph Kabila médite encore. Sur la souveraineté. Sur le bruit. Ou sur la règle politique désormais claire en RDC : qui ne parle pas, consent. Et qui ne condamne pas, est condamné.
La rédaction