“Jeunesse, à l’attaque !” – Le grand appel du chef de l’État
Dans une allocution empreinte d’émotion, de gravité et d’une touche de génie stratégique, le chef de l’État a, une fois de plus, pris la parole pour s’attaquer à la crise sécuritaire qui sévit à l’Est du pays. Face à une situation de plus en plus préoccupante, une solution radicale a été trouvée : “Jeunesse, engagez-vous dans l’armée !”

Après des années de rapports alarmants, de plans d’urgence jamais appliqués et de promesses musclées qui font plus de bruit que d’effet, il était temps d’innover. Puisque la sécurité nationale est en péril, qui de mieux pour la sauver que cette jeunesse débordante d’énergie, de rêves et… de chômage ?
Le président, avec sa voix solennelle et son regard pénétrant, a su trouver les mots justes pour galvaniser les troupes… enfin, les futurs enrôlés. “Le pays a besoin de vous !” s’est-il exclamé, oubliant sans doute que cette même jeunesse qu’il appelle à l’aide manque déjà d’emplois, d’écoles, d’hôpitaux et parfois même de repas quotidiens.
Mais qu’à cela ne tienne ! Voilà enfin une opportunité en or : l’armée nationale, ce temple de la discipline et de la gloire, s’ouvre grandement à eux. Peu importe si l’équipement manque, si la solde tarde à tomber ou si les conditions sont précaires… c’est un sacrifice noble pour la patrie !
On pourrait se demander pourquoi ce plan génial n’a pas été appliqué plus tôt. Après tout, recruter des milliers de jeunes sans formation militaire approfondie pour les envoyer sur le terrain face à des groupes armés suréquipés et surentraînés, c’est une tactique révolutionnaire.
Les experts militaires en seront bouche bée : pourquoi investir dans du matériel moderne, des drones, une meilleure coordination stratégique ou des solutions diplomatiques quand on peut juste envoyer des jeunes avec des kalachnikovs usées et un moral en béton ?
Certains esprits chagrins – sûrement infiltrés par l’ennemi – s’interrogent : pourquoi les dignitaires du régime ne montrent-ils pas l’exemple en envoyant leurs propres enfants en première ligne ? Quelle question déplacée ! Ces jeunes-là ont une autre mission cruciale : gérer les affaires du pays depuis l’étranger, s’occuper des entreprises familiales et surtout, ne pas se mêler des problèmes des pauvres.
Car oui, soyons réalistes : le véritable patriotisme, c’est pour les autres. Et puis, ne dit-on pas que “mourir pour la patrie est le plus grand honneur” ? En tout cas, c’est ce que semblent penser ceux qui n’ont jamais eu à risquer leur vie autrement qu’en traversant la rue sans garde du corps.
Ainsi, la jeunesse, fatiguée d’attendre des emplois qui n’existent pas et des promesses électorales recyclées, sait désormais ce qui l’attend. Plutôt qu’un avenir incertain, elle aura droit à un uniforme et à un fusil d’occasion. Et si elle survit, peut-être même à une médaille !
La rédaction