Journée Internationale des droits des femmes en RDC : Un défilé de pagnes, mais où est la conscientisation ?
Chaque 8 mars, en République Démocratique du Congo, la Journée Internationale de la Femme est attendue avec impatience. Mais ici, l’attente semble surtout être celle du pagne traditionnel qui symbolise désormais cette journée. Un tissu riche en couleurs, oui, mais pauvre en impact réel sur la conscientisation des femmes quant à leur rôle et leur apport dans la société.
On le voit chaque année : les femmes se précipitent pour acheter le dernier modèle de pagne conçu spécialement pour l’occasion. Elles défilent dans les rues, dansent, organisent des événements festifs. Et après ? Une fois que le pagne est soigneusement plié et rangé dans l’armoire, que reste-t-il de cette journée censée être un moment de réflexion et d’action pour l’égalité des sexes ?
La réalité, c’est que la Journée Internationale de la Femme en RDC semble avoir été réduite à une célébration folklorique. Un défilé où le pagne prend toute la lumière, reléguant au second plan les questions vitales qui devraient être discutées : l’accès des femmes à l’éducation, la lutte contre les violences conjugales, l’autonomisation économique des femmes, la participation des femmes à la vie politique, et bien d’autres sujets cruciaux.
Pourquoi cette journée, qui pourrait être un levier pour la conscientisation et l’émancipation des femmes, s’est-elle transformée en une simple parade de mode ? Peut-être parce qu’il est plus facile d’investir dans un morceau de tissu que d’investir dans un véritable changement social. Parce qu’il est plus simple de promouvoir l’apparence d’une célébration que de plonger dans les réalités inconfortables que vivent encore des milliers de femmes congolaises.
Et pourtant, les femmes congolaises ont un rôle essentiel dans la société. Elles sont les piliers de leurs familles, les artisanes du développement local, les gardiennes de la culture et les agents de changement. Mais au lieu de mettre en avant leur capacité à transformer la société, on leur vend un pagne et une fête. Cela occulte les défis auxquels elles sont confrontées : les inégalités de salaire, la faible représentation dans les instances de décision, la violence domestique, ou encore le manque d’accès aux ressources financières et foncières.
La vraie question est : à quand une Journée Internationale de la Femme en RDC où l’accent sera mis sur la conscientisation, la formation et l’action, plutôt que sur un bout de tissu coloré ? À quand une mobilisation nationale pour rendre hommage non pas à des tenues traditionnelles, mais aux luttes menées par les femmes pour l’égalité et leur participation pleine et entière au développement du pays ?
Célébrer la beauté et la culture à travers le pagne, c’est bien. Mais il est temps de replacer cette journée dans son véritable cadre : celui d’une réflexion profonde sur la place des femmes dans la société congolaise. Parce qu’au-delà du pagne, il y a une société à changer, et cela ne se fera pas sans des femmes pleinement conscientes de leur force, de leur potentiel et de leurs droits.
RL/lecorbeau.net