JUSTICE : Quand le ministre de la Justice devient le Super-Juge : Une saga judiciaire burlesque
Le ministre de la Justice, Constant Mutamba, figure principale de ce feuilleton, s’est récemment distingué par des attaques en règle contre ce qu’il appelle les « réseaux mafieux » au sein du système judiciaire. Avec le zèle d’un héros de série B, il s’est lancé dans une croisade pour « redresser » une justice qu’il juge en lambeaux, soutenu par le président, Félix Tshisekedi.
Le ministre a déclaré : « Le Chef de l’État nous a nommés pour redresser notre justice et redorer son image… Des réseaux mafieux démasqués craquent déjà. » Une prose qui rappelle plus les tirades enflammées d’un justicier solitaire que le langage diplomatique d’un ministre d’État. Mais qu’importe, le suspense est à son comble, et les téléspectateurs en redemandent.
Pendant ce temps, sur la scène opposée, le Syndicat Autonome des Magistrats du Congo (SYNAMAC) joue le rôle des méchants incompris. Ces derniers ont eu l’outrecuidance de qualifier les déclarations du ministre de « populistes et outrageantes », accusant ce dernier de les transformer en boucs émissaires pour les dysfonctionnements d’un système judiciaire qu’il est censé réformer. Un discours qui manque certes de punchlines, mais qui a le mérite de rappeler que dans toute bonne série, il faut des antagonistes dignes de ce nom.
Mais voilà, le ministre Mutamba ne se contente pas de quelques tweets. Il a décidé de passer à l’action en montant une Commission Nationale mixte pour traquer les mafieux en robe noire. Ces nouveaux « justiciers » sillonnent le pays pour collecter les plaintes des citoyens lassés d’attendre leur épisode de justice. Le ministre est même allé jusqu’à se créer un « tribunal populaire », un genre de spin-off où il cumule les rôles de juge, procureur et bourreau. Une performance saluée par ses partisans, mais qui a fait grincer des dents du côté du Syndicat des Magistrats du Congo (SYMCO).
Le SYMCO, dans un communiqué au ton solennel, a dénoncé cette nouvelle saison qu’il qualifie de pure fiction juridique. Il accuse Mutamba de violer la séparation des pouvoirs et de piétiner allègrement l’article 149 de la Constitution, qui interdit la création de tribunaux extraordinaires. Mais qu’à cela ne tienne, le ministre semble avoir trouvé là un scénario en or, où la Constitution n’est qu’un simple accessoire.
Pendant que le pays est suspendu à cette saga judiciaire, une question subsiste : qui aura le dernier mot dans ce bras de fer entre le « Super-Juge » Mutamba et les magistrats récalcitrants ? En attendant le prochain épisode, on ne peut qu’admirer cette pièce de théâtre où les lois de la justice semblent parfois n’être que des scripts à réécrire selon les besoins du spectacle.
La rédaction/lecorbeau.net