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JUSTICE : Seth Kikuni arrêté : Quand la liberté d’expression devient une activité à haut risque en RDC

Kinshasa – Seth Kikuni, ancien candidat présidentiel et désormais grand spécialiste des phrases chocs, vient d’ajouter une nouvelle ligne à son CV : détenu politique. Ce lundi, les services de renseignement, probablement en quête d’une occupation, ont décidé d’offrir à Kikuni un séjour gratuit derrière les barreaux. La raison ? Avoir osé rappeler à Félix Tshisekedi que son bilan ressemble plus à une copie blanche qu’à une œuvre d’art.

Tout avait commencé il y a cinq jours, lorsque Seth Kikuni, dans un élan de sincérité quasi suicidaire, avait déclaré devant les caméras : « Nous sommes décidés à stopper Félix Tshisekedi. S’il y aura dialogue, ça sera pour lui rappeler en face qu’il est incompétent. » Une phrase qui, visiblement, a déclenché une réaction allergique chez les autorités. Parce qu’en RDC, dire la vérité, c’est un peu comme jouer à la roulette russe.

À peine la nouvelle de l’arrestation de Kikuni s’est-elle répandue que les opposants politiques ont sorti les violons pour dénoncer cet « acte intolérable ». Moïse Katumbi, l’homme qui a toujours une phrase bien placée pour chaque situation, n’a pas tardé à condamner fermement cette « atteinte à la liberté d’expression ». Car oui, selon Katumbi, Kikuni ne faisait que profiter de ce droit si précieux, à condition de ne pas trop en abuser, bien sûr.

Matata Ponyo, pour sa part, s’est montré tout aussi indigné, mais avec un ton plus solennel. Pour lui, cet « acte antidémocratique » met en péril la paix et la sécurité du pays. On pourrait croire que la RDC était un modèle de cohésion nationale avant cet incident, mais passons.

Il semblerait qu’en République Démocratique du Congo, critiquer le pouvoir en place est devenu une activité à haut risque. Kikuni l’a appris à ses dépens, tout comme d’autres avant lui. Mais après tout, n’est-ce pas ce qui rend la politique congolaise si palpitante ? Un mot de travers, et vous vous retrouvez à répondre de vos propos dans un endroit bien moins confortable que les studios télé.

Il est fascinant de voir comment les autorités congolaises semblent avoir développé une allergie à la critique. Dès qu’un opposant ose élever la voix, on s’empresse de lui rappeler qu’en RDC, le silence est d’or et la parole… une voie express vers les ennuis. Mais que serait la démocratie sans un peu d’action ?

Les réactions des autres ténors de l’opposition, qui appellent à la libération immédiate de Kikuni, montrent à quel point ce dernier est devenu, malgré lui, le symbole d’une liberté d’expression malmenée. Pourtant, certains se demandent s’ils ne devraient pas eux aussi modérer leurs propos, histoire d’éviter un séjour impromptu en détention.

En attendant, Seth Kikuni, qui n’avait probablement pas prévu cette tournure des événements, devra patienter en prison en attendant que l’indignation générale atteigne un point critique. Quant à nous, pauvres observateurs, on se demande combien de temps il faudra avant que le prochain opposant ne tombe dans le piège de la franchise.

Et la démocratie dans tout ça ? Elle continue son chemin cahoteux, entre promesses non tenues et arrestations arbitraires. Mais rassurez-vous, le spectacle politique en RDC est loin d’être terminé. Seth Kikuni n’est qu’un épisode parmi tant d’autres dans cette saga nationale où la liberté d’expression est un privilège… à utiliser avec précaution.

La rédaction/lecorbeau.net

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