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Kinshasa : Sur l’avenue De la Paix, la démolition avance à grands pas… pour les puissants

Sur l’avenue De la Paix, dans la commune de Ngaliema, la tranquillité des habitants a été brusquement interrompue le 20 mai par une mise en demeure de 72 heures, exigeant qu’ils libèrent leurs habitations. Motif invoqué : obstruction du lit de la rivière Mampenza. Mais à Kinshasa, les justifications hydrauliques masquent souvent des intentions bien plus bétonnées. Ici, les pelleteuses ne cherchent pas à sauver l’environnement, mais plutôt à frayer un chemin à une route flambant neuve destinée à desservir un luxueux projet immobilier du côté du Cercle hippique.

Alors que les habitants, pour la plupart installés depuis plusieurs décennies avec titres de propriété à l’appui, s’interrogent sur leur sort, les bulldozers, eux, n’ont pas de doutes : ils avancent, sûrs de leur mission. La “construction anarchique” devient soudainement une notion très flexible dès qu’une parcelle gêne les ambitions d’une poignée de nouveaux acquéreurs politiquement bien connectés. Ces démolitions ne suivent plus le tracé des lois, mais celui des intérêts privés déguisés en volonté publique.

L’indignation des résidents est d’autant plus grande qu’ils assistent, impuissants, à la démolition de leurs maisons sans aucune indemnisation ni réelle concertation. Pendant ce temps, à quelques kilomètres de là, d’autres constructions tout aussi illégales – notamment à la baie de Ngaliema – sont soigneusement épargnées. Visiblement, les bulldozers de la ville disposent d’un radar intégré : ils détectent les petites gens, mais deviennent soudainement aveugles face aux villas des “gros poissons”.

Dans cette capitale où l’urbanisme se fait à coups de marteaux-piqueurs sélectifs, les démolitions deviennent un outil politique de tri social. Sur l’avenue De la Paix, on détruit sans paix, sans procédure transparente et sans égard pour ceux qui, bien avant les puissants d’aujourd’hui, avaient fait de cette colline leur foyer. Les routes du développement passent, mais certains citoyens, eux, restent sur le bas-côté.

La rédaction

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