En République Démocratique du Congo, la justice semble appliquer une sévérité inversement proportionnelle à la gravité des faits. D’un côté, les politiciens et leurs alliés, souvent impliqués dans des détournements massifs de fonds publics, bénéficient d’une clémence notable. Les enquêtes traînent, et les condamnations, lorsqu’elles surviennent, sont légères. Ces détournements, qui privent le pays de ressources essentielles, passent souvent sous silence ou sont résolus avec des sanctions symboliques.
Pourtant, malgré la gravité de ces crimes financiers, les réactions de la justice sont souvent timorées. Dans de nombreux cas, les enquêtes traînent en longueur, et lorsqu’un procès est effectivement organisé, les sanctions, lorsqu’elles sont prononcées, paraissent symboliques. Des politiciens accusés de détournement de millions de dollars continuent parfois d’exercer leurs fonctions ou sont réhabilités après de courtes périodes d’inactivité politique.
En revanche, la justice montre une vigueur surprenante pour des affaires de mœurs ou des actes jugés immoraux. Les tiktokeurs, musiciens et figures publiques sont souvent poursuivis rapidement pour des comportements jugés inappropriés, et risquent des peines sévères pour des actions relevant de la liberté d’expression.
Le manque d’indépendance du pouvoir judiciaire est souvent pointé du doigt. La justice, sous pression des pouvoirs politiques et économiques, peine à s’attaquer frontalement à ceux qui détiennent le pouvoir. En revanche, elle trouve dans les affaires de mœurs un terrain où elle peut affirmer son autorité sans risquer de déstabiliser l’ordre établi.
Le sentiment d’injustice est palpable, et beaucoup de Congolais ont l’impression que la justice est une affaire de classe, où les riches et les puissants échappent aux conséquences de leurs actes, tandis que les personnes moins influentes sont soumises à une répression brutale pour des faits mineurs.
La justice congolaise doit rétablir une hiérarchie des priorités qui place les crimes financiers, tels que le détournement des fonds publics, au centre de ses préoccupations. Il est indispensable que les responsables de ces crimes soient traduits en justice de manière exemplaire, pour restaurer la confiance des citoyens et redresser l’économie nationale.
Une justice équitable et indépendante est la clé pour un Congo plus juste et prospère.
RL/lecorbeau.net
