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Lettre à un Raïs : quand Lambert Mende redécouvre la lumière après 18 ans d’éclipse volontaire

Lambert Mende a parlé. Ou plutôt, il a écrit. Et pas n’importe quoi : une lettre ouverte à Joseph Kabila, son ancien patron, guide, camarade de galère, de gloire, et parfois de confusion constitutionnelle. Dans ce plaidoyer aux allures de confession tardive, l’ex-ministre de la Communication, qui pendant plus d’une décennie vendait du rêve avec la régularité d’un téléachat sans télécommande, découvre subitement que le silence peut tuer, surtout quand il s’agit de Kagame et du M23. Mieux vaut tard que muet, dit-on. Mais quand on a été la voix officielle du mutisme gouvernemental, ça fait quand même bizarre de s’ériger en gardien de la mémoire et de la vérité.

Dans un ton théâtral digne d’un drame grec revisité à Kinshasa, Mende explique que son malaise face au discours de Kabila du 23 mai est si profond qu’il en a eu des frissons. Lui, qui justifiait hier les arrestations arbitraires, les coupures d’Internet et les silences diplomatiques, se met aujourd’hui à exiger des comptes. Il accuse son ancien chef de dissimulation stratégique, d’amnésie géopolitique, et même d’un choix d’itinéraire symboliquement toxique : revenir par Goma, capitale de l’occupation militaire made in Kigali. Une trahison de la mémoire de Mzee, s’indigne-t-il, comme s’il venait de réaliser que la route du Raïs mène parfois au Rwanda, avec une escale au malaise congolais.

Mais ne vous y trompez pas : Mende ne fait pas son mea culpa. Il préfère l’option “je vous ai suivi aveuglément, mais c’était vous le guide”. Dans ce texte qui oscille entre hommage inquiet et règlement de comptes poli, il reproche à Kabila de faire comme si le Rwanda n’était plus l’ennemi historique, comme si les 15.000 morts à l’Est pouvaient s’engloutir dans un silence présidentiel. Kabila aurait-il troqué son discours de souveraineté contre un retour discret au bercail ? Pour Mende, c’est l’équivalent de voir un pompier jouer avec des allumettes dans une station-service : ça fait désordre.

À la fin, Lambert Mende, le survivant du régime, l’homme qui avait réponse à tout sauf à la question “pourquoi ?”, en appelle à un dialogue régional, une sorte de symposium anti-tribalisme où l’on réconcilierait le Rwanda, l’Ouganda, la RDC et le Burundi autour d’un feu de camp diplomatique. Une belle idée, presque poétique, sauf que le bois du feu, ce sont toujours les Congolais. Bref, après avoir été la plume du silence, Lambert Mende veut devenir la voix du peuple. À ce rythme, ne soyez pas surpris s’il finit candidat en 2028 sous le slogan : “J’ai tout vu, maintenant je parle.”

La rédaction

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