Martin Fayulu découvre le patriotisme : après le “Hold-Up”, voici le “Camp de la Patrie”
C’est un Martin Fayulu en mode colombe patriote qui est ressorti du Palais de la Nation ce jeudi 5 juin, comme s’il avait troqué sa casquette d’opposant radical pour celle de coordonateur du vivre-ensemble en péril. Face à la crise qui ronge l’Est, le président de l’ECIDé a proposé – avec la sérénité d’un candidat recalé aux élections mais élu dans son cœur – la création d’un “camp de la Patrie”, un melting-pot politique où tous les traumatisés de la République viendraient pleurer ensemble sous un même drapeau.

Et soudain, l’homme qui passait trois années à contester tout ce qui bouge – élections, CENI, Cour constitutionnelle, météo, et même les communiqués de la RTNC – redécouvre les vertus du dialogue national, cette version congolaise de la thérapie de groupe qui ne soigne que les sièges vides. « Nous n’avons pas 36 solutions », a-t-il lancé, grave, oubliant qu’il a passé ces cinq dernières années à justement proposer 38 plans de sortie de crise, tous aussi rejetés que les PV de la CENI en 2018.
Fayulu ne s’est pas arrêté là. Dans un accès de lucidité évangélique, il a même recommandé au Chef de l’État de consulter la CENCO et les pasteurs de l’ECC, comme si le salut de la République dépendait désormais d’un comité interreligieux élargi. Bientôt, on demandera peut-être aussi l’avis des mamas intercesseuses, des exorcistes du Kasaï et des chroniqueurs de TikTok. C’est dire si le camp de la Patrie risque de ressembler à une foire aux frustrations, où chacun vient avec son drapeau, ses blessures, et son petit projet de réconciliation sponsorisé.
Mais entre deux appels à la paix et quelques références aux enfants sans abri, Fayulu glisse une phrase-clé : « Il m’a compris. » Voilà. La magie congolaise dans toute sa splendeur : on s’insulte à la télévision pendant cinq ans, puis on prend un jus au Palais, et hop, on s’est compris. Le dialogue est devenu une tradition nationale, une sorte de feuilleton où les saisons se suivent, mais où personne ne meurt vraiment – sauf le peuple à l’Est.
La rédaction