Opération “Zéro Kuluna” : Vers une Sécurité Absolue (Ou Comment Kinshasa deviendra bientôt plus sûre que Genève)
Face à la montée inarrêtable des Kuluna, ces redoutables bandits qui osent défier les lois de la République, le gouvernement congolais a enfin trouvé LA solution miracle pour restaurer l’ordre : l’opération “Zéro Kuluna”. Non, il ne s’agit pas de renforcer l’éducation, d’investir dans la prévention ou de créer des opportunités d’emploi pour les jeunes désœuvrés. Trop simple. Le génie derrière cette initiative réside dans une méthode éprouvée : attraper tout le monde et condamner tout ce qui bouge. La subtilité ? La peine de mort en prime !
Selon Constant Mutamba, le ministre d’État chargé de la Justice, le plan est aussi clair qu’efficace : “L’opération Zéro Kuluna consiste à traquer ceux qui sèment la mort et la désolation dans nos villes, les faire juger et, comme je l’ai annoncé hier, les condamner à mort. Et ceux qui seront condamnés à mort seront exécutés. Cela servira de leçon et ramènera l’ordre et la paix dans notre société.” Voilà qui devrait calmer les esprits et ramener la paix. Rien de tel qu’un bon vieux châtiment capital pour rappeler aux citoyens l’importance du civisme.
Eh oui, vous avez bien entendu. Plus aucun recoin ne sera sûr, pas même la cabine exiguë de votre propre salle de bain. Si vous êtes un Kuluna, oubliez les cachettes traditionnelles.
On ne peut que s’imaginer la scène : un escadron spécial, armé jusqu’aux dents, débarquant chez vous au petit matin, juste avant votre café, pour s’assurer que vous ne dissimuliez pas une machette dans le porte-savon. “Nous sommes l’autorité de l’État”, clamera-t-on fièrement avant de vous mener tout droit à la redoutée Angenga.
Les habitants de Kinshasa, et plus particulièrement des quartiers chauds comme Ngaba, Makala ou Kisenso, peuvent enfin dormir tranquilles (ou presque). Après tout, il faut bien quelques victimes expiatoires pour montrer l’exemple. Qu’un gang ait pu, pendant une semaine, violer, voler et dévaster un quartier entier à Kisenso sans croiser un seul membre des forces de l’ordre est un détail insignifiant. Les vrais résultats arriveront bientôt, promis.
Les criminels, eux, sont probablement en train de se remémorer avec nostalgie l’époque où ils pouvaient se terrer quelque part et espérer que l’État oublie leur existence. Maintenant, ils savent qu’ils seront traqués jusque dans les toilettes, mais seulement après avoir terrorisé tout un quartier pendant une semaine entière. C’est ça, la justice musclée version “Zéro Kuluna” !
Les Kuluna n’ont qu’à bien se tenir, ou plutôt, qu’à bien choisir leur dernière cachette avant que l’État ne se rappelle soudainement qu’il a des toilettes à fouiller. Mais attention, dans cette République où chaque action a son revers, que les honnêtes citoyens ne se sentent pas trop rassurés non plus. La prochaine fois que vous verrez des agents rôder près de vos toilettes, n’oubliez pas de montrer patte blanche.
La rédaction
