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Paul Kagame : Le pacificateur pyromane

À Doha, dans un décor feutré où le parfum de l’encens qatari masque l’odeur du soufre des conflits africains, Paul Kagame et Félix Tshisekedi se sont serré la main sous l’œil bienveillant de l’émir du Qatar. Comme un pompier qui aurait lui-même allumé l’incendie, Kagame a souri, félicitant tout le monde pour les “progrès” réalisés dans la quête d’une paix qu’il sabote méthodiquement depuis des années.

Le président rwandais, expert en diplomatie à double tranchant, a encore une fois joué sa partition favorite : celle du faiseur de paix dont les armes continuent pourtant de nourrir le M23. Car pendant que les caméras immortalisent l’instant solennel à Doha, ses protégés rebelles, eux, boycottent les pourparlers de Luanda et poursuivent leur avancée militaire en RDC, comme s’ils n’avaient pas reçu le mémo sur le cessez-le-feu.

Pendant la réunion, tout le monde a salué l’initiative de Luanda, le processus de Nairobi et les engagements pris à Dar es-Salaam. Tout cela a un air de déjà-vu : les sommets se succèdent, les communiqués s’empilent, mais sur le terrain, la seule chose qui avance, ce sont les troupes du M23. Kagame, grand maître de la duplicité, joue à l’ami bienveillant, tout en fournissant en armes et en logistique ceux qui font trembler le Kivu.

Le Rwanda nie, bien entendu. Officiellement, il ne soutient pas le M23. Officieusement, les drones, les munitions et l’intendance qui alimentent la rébellion ne tombent pas du ciel (ou alors, peut-être grâce à une nouvelle invention rwandaise : la “guerre sans soutien officiel”).

Et Tshisekedi dans tout ça ? Fidèle à lui-même, il serre la main de son bourreau avec un sourire crispé, remerciant l’émir du Qatar pour l’hospitalité, comme si la paix au Congo se négociait dans des salons dorés à Doha plutôt que sur le terrain miné du Kivu. À force de signer des accords que personne ne respecte, on finit par ressembler à un figurant dans son propre drame national.

Pendant ce temps, le peuple congolais, lui, regarde avec lassitude ce énième ballet diplomatique. Il sait que Kagame sortira encore de cette mascarade avec un statut de médiateur modèle, alors que ses protégés en RDC continueront de gagner du terrain. Parce qu’après tout, la paix n’est qu’un business, et Kagame, un entrepreneur avisé.

La rédaction

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