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POLITIQUE : Le Gouvernement à l’Heure du Bilan : Les Ministres Face à la Grille d’Évaluation de Tshisekedi

Dans un sursaut d’efficacité bureaucratique sans précédent, le gouvernement congolais semble avoir décidé de jouer aux élèves appliqués dans une classe où les bulletins de notes sont désormais d’actualité. En effet, lors de la 20e réunion du conseil des ministres, le président Félix Tshisekedi, probablement inspiré par une soudaine envie d’encadrer son équipe, a annoncé le début tant attendu de l’évaluation des membres du gouvernement. Un vent de panique a certainement soufflé dans les couloirs des ministères : l’heure de la vérité semblait avoir sonné.

Une semaine plus tard, ce vendredi 08 novembre, lors de la 21e réunion du conseil des ministres, la première ministre Judith Suminwa, avec un ton solennel et un air d’institutrice rigide, a lancé un appel à l’ordre. Chaque ministre, a-t-elle martelé, devait désormais présenter un rapport détaillé de ses activités depuis la première réunion du conseil des ministres. Oui, vous avez bien entendu, “chaque ministre”. Et pas question de tricher en copiant sur son voisin. Il fallait des rapports bien ficelés, pleins de chiffres, de directives suivies, et de résultats concrets, s’il en existe encore.

L’outil d’évaluation présenté par la première ministre lors de cette réunion est, d’après le porte-parole du gouvernement, une petite révolution. Basé sur les “orientations du chef de l’État”, cet outil permet de traquer méticuleusement chaque action planifiée, chaque responsabilité assignée, chaque délai imparti et – tenez-vous bien – chaque résultat obtenu. En d’autres termes, il sera désormais possible de savoir qui fait quoi, quand et pourquoi… du moins en théorie.

Mais soyons sérieux. On imagine bien certains ministres, jusqu’ici plus doués pour les discours fleuves que pour l’efficacité administrative, se demander comment ils pourront remplir cette grille sans être totalement ridicules. “Répertorier les actions planifiées”, vraiment ? Et si l’action principale consistait à planifier de futures actions qui n’ont toujours pas vu le jour ? “Résultats obtenus” ? Voilà un autre terme qu’il faudra manœuvrer avec précaution.

Et bien sûr, tout cela se fait dans le cadre des fameux “six engagements” du chef de l’État, réaffirmés lors de son investiture pour ce second mandat. Six engagements que l’on rappelle à chaque réunion du conseil des ministres, histoire de bien montrer que tout est sous contrôle. On imagine que ces engagements, en apparence bien sages, commencent à peser lourd sur les épaules de ceux qui sont censés les mettre en œuvre. Mais bon, quand il s’agit de “traçabilité des directives présidentielles”, on ne plaisante pas !

On attend donc avec impatience les premiers résultats de cette évaluation. Peut-être découvrira-t-on que les vrais experts du gouvernement ne sont pas ceux qui font avancer les dossiers, mais bien ceux qui savent remplir un rapport d’évaluation en jonglant avec les mots et les excuses. Quant à ceux qui échoueront à l’exercice, ils pourront toujours se consoler en se disant qu’au moins, ils auront tenté de se plier à cette nouvelle gymnastique administrative.

RL/lecorbeau

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