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Politique : Quand les anciens présidents et opposants découvrent le dialogue… comme s’ils n’avaient jamais gouverné

Kinshasa – satire politique, 1er mai 2025

En République Démocratique du Congo, l’histoire politique vient de franchir un tournant digne d’un scénario de série Netflix. Les figures emblématiques de l’opposition, Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Delly Sessanga et, plot twist ultime, Joseph Kabila, ont publié une déclaration commune appelant à un dialogue national pour sortir le pays de la crise actuelle.

Oui, vous avez bien lu. Kabila, l’homme que l’on croyait retiré dans un élevage de buffles quelque part dans le Katanga, revient soudain comme un chantre du consensus national, bras dessus bras dessous avec ceux qui, jusqu’à hier, lui promettaient les geôles de la CPI.

Dans un ton grave et très concerné, les signataires dénoncent « la violation de la Constitution, la gabegie financière, la mauvaise gouvernance et la fraude électorale ». Apparemment, les anciens manuels de gouvernance rédigés par la majorité de ces leaders pendant leurs heures de gloire sont désormais considérés comme preuves à conviction. À croire qu’ils ont découvert ces concepts en lisant un manuel d’éthique politique publié à… Doha.

Le plus surprenant, c’est que le même Joseph Kabila, qui a dirigé le pays pendant 18 ans avec une passion inégalée pour les dialogues à répétition et les concertations sans lendemain, est aujourd’hui le nouveau porte-voix d’un dialogue « salvateur ». On imagine déjà le programme : “Dialogue national II – Le retour des ex”.

Pour ne pas faire les choses à moitié, la déclaration salue les efforts de médiation de l’Union africaine (qui n’a jamais résolu un conflit, mais continue d’écrire des communiqués), de Doha (qui, manifestement, s’ennuie depuis la Coupe du monde) et même de Washington (toujours très concerné, surtout entre deux primaires présidentielles).

« L’opposition politique, l’opposition armée et la société civile doivent être au cœur des efforts pour restaurer la paix », affirme Prince Epenge, le porte-parole du mouvement Lamuka, dans un élan de fraternité quasi biblique. Il semble que la prochaine table ronde pourrait se tenir à la fois sur Zoom, dans la jungle de Beni, et à la chapelle de la CENCO, histoire de ratisser large.

Mais ne soyons pas cyniques. Après tout, si l’opposition politique, l’opposition armée et l’opposition silencieuse (le peuple) peuvent s’asseoir ensemble autour d’un ndembi diplomatique, cela prouve une chose : la crise congolaise est peut-être infinie, mais la créativité politique pour organiser des dialogues, elle, ne connaît aucune limite.

En attendant le « Dialogue national inclusif, souverain, spirituel et gastronomique », la population continue de dialoguer avec la réalité : la hausse du prix du fufu, les coupures d’électricité et l’espoir tenace que, cette fois-ci, les dialogues mèneront à autre chose qu’un partage de postes et de fauteuils.

À suivre, dans le prochain épisode : qui présidera le dialogue ? Kabila ou l’archevêque de Kinshasa ?

La rédaction

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