Psychose à Sake : Les Rebelles du M23 ou l’État d’Ivresse
Dans une scène digne d’un mauvais film d’action, une psychose a frappé la paisible cité de Sake, au Nord-Kivu, en ce vendredi 8 décembre. Les habitants, pris de panique, étaient convaincus que les rebelles redoutés du M23 avaient fait leur retour fracassant.
Mais la réalité était tout autre. L’origine de cette terreur collective était un militaire des Forces Armées de la RDC, qui, dans un état d’ivresse avancé, s’est mis à tirer de manière incontrôlée. Les balles crépitaient, semant le chaos et l’effroi parmi la population innocente.
Les témoignages locaux ne manquent pas de souligner que la confusion était telle que même les villageois des zones voisines, comme Kalonge et Bihambwe, ont rapporté des tirs d’armes lourdes et légères. Ces régions, situées à l’ouest de la cité de Mushaki, sont déjà sous le contrôle des redoutables rebelles du M23.
Il est difficile de dire si cette confusion a été alimentée par la consommation excessive d’alcool ou par une méconnaissance totale de la situation. Quoi qu’il en soit, l’absurdité de la situation n’en est que plus frappante. Les habitants de Sake, déjà aux prises avec les défis quotidiens, se retrouvent maintenant confrontés à une menace imaginaire qui les plonge dans des peurs irrationnelles.
Certains pourraient se demander comment un militaire en état d’ivresse a pu se retrouver en possession d’une arme à feu. Une question pertinente, mais qui ne semble pas préoccuper les autorités compétentes. Il semblerait que l’absurdité ne soit pas l’apanage de cette situation isolée, mais plutôt une caractéristique récurrente de la réalité congolaise.
Dans un pays où la sécurité est un luxe rare, où les groupes rebelles prospèrent et où l’impunité règne, il est ironique de constater que la plus grande menace pour les habitants de Sake pourrait bien être les soldats censés les protéger.
Alors que les véritables rebelles du M23 continuent à semer la terreur dans les régions avoisinantes, il est plus que jamais nécessaire de s’interroger sur l’état de l’armée congolaise. Comment peut-on attendre des militaires qu’ils assurent la sécurité lorsque certains d’entre eux se révèlent être une menace pour la population qu’ils sont censés défendre ?
La psychose de Sake sera-t-elle un énième épisode oublié dans les annales de l’insécurité congolaise ? Ou bien cette situation grotesque servira-t-elle de catalyseur pour une réforme en profondeur de l’armée et une prise de conscience de la nécessité d’assurer la sécurité des Congolais ?
Une chose est sûre, la tragédie de Sake est une illustration frappante des paradoxes et des absurdités qui caractérisent la République Démocratique du Congo. Espérons que cette expérience cauchemardesque soit le point de départ d’un véritable changement, où la sécurité des citoyens ne sera plus une chimère, mais une réalité tangible.
La rédaction/lecorbeau.net