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Quand la politique monte au ciel : Felix Tshisekedi au temple de Philadelphie

Le dimanche 24 novembre, Le temple de l’Église Philadelphie, habituellement dédié aux sermons et aux chants de louanges, s’est métamorphosé en une scène politico-religieuse digne d’un scénario improbable. Imaginez un instant, le président Félix Tshisekedi, fidèle parmi les fidèles, assistant à la clôture de « Bunda 21 » dans une ambiance de ferveur divine. Le président, l’homme qui gouverne un pays rongé par la corruption, là, bien installé sur une chaise d’honneur, tout sourire, aux côtés du pasteur Roland Dalo.

Ah, quelle image ! Car, ne l’oublions pas, c’est ce même Roland Dalo qui, quelques jours auparavant, s’était fendu d’un sermon de feu et de flammes, tel un Ezéchiel qui aurait troqué son bâton pour un micro amplifié, dénonçant la corruption rampante qui asphyxie la République. « Je suis triste et honteux d’être citoyen de la RDC », avait-il lancé, comme un prophète lassé de prêcher dans le désert. Puis, il y avait eu cette déclaration explosive : « Je ne mange pas à cause de cette personne-là… Je ne mange pas sa dîme ! ». Subtile, n’est-ce pas ? À peine un clin d’œil discret à un certain leader d’État, qui aurait été là pour offrir non pas son argent, mais un peu de son indulgence.

Les réseaux sociaux, bien sûr, n’ont pas tardé à s’embraser. Les partisans du pouvoir, jamais avares de commentaires acerbes, ont entrepris de découper Roland Dalo en morceaux, virtuellement s’entend, l’accusant de tous les maux : traître, ingrat, opportuniste spirituel… Il fallait voir ce déchaînement ! Mais Dalo, tel un chêne inébranlable, a tenu bon. Après tout, qui pouvait nier que son indignation prophétique avait touché une corde sensible ?

Et puis, le dimanche est arrivé. Le miracle s’est produit. Pas un de ces miracles bibliques avec des flots qui s’ouvrent ou des pains multipliés, non. Ici, nous parlons d’un autre genre de prodige. Le même pasteur, critique acerbe du régime, accueille à bras ouverts le président. Une accolade chaleureuse, des sourires complices échangés devant des centaines de fidèles. On aurait dit que les épisodes enflammés des jours précédents n’étaient qu’un mauvais rêve. Et cerise sur le gâteau – ou plutôt, offrande dans le panier – Félix Tshisekedi, tel un fidèle dévoué, dépose sa contribution. De quoi nous faire oublier, pour un instant, les querelles qui font rage sur les réseaux.

Serait-ce là la réponse présidentielle ultime aux critiques ? Un geste de grande sagesse : « Je suis là, je donne, et alors ? » Mais ne vous y trompez pas. Les divisions artificielles entre foi et politique, entre Dieu et César, semblent soudainement dérisoires. Comme l’a dit un internaute inspiré : « Peut-être est-ce un appel à transcender les polémiques. »

Mais ne soyons pas trop naïfs. Transcender les polémiques, vraiment ? Et que dire des mots lourds du pasteur, de son indignation contre l’impunité ? Que restera-t-il de tout cela dans une semaine, dans un mois ? Est-ce que cette sainte alliance changera quoi que ce soit dans la gestion d’un pays où les fonds publics sont souvent dilapidés plus vite que les fidèles ne déposent leurs offrandes ? Ou bien assistons-nous simplement à l’un de ces feux de paille dont la République Démocratique du Congo a le secret ? Dalo prêche, Tshisekedi écoute, et au final, rien ne change.

La rédaction

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