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Quand la République fait ses valises : Le gouvernement en excursion à Kananga

En République Démocratique du Congo, la gouvernance a parfois des allures de road trip. Dernier épisode en date : presque tous les membres du gouvernement se sont envolés vers Kananga, « en mission de service ». À croire que la gestion du pays nécessite désormais un kit de voyage, une banderole d’accueil et, bien sûr, la bénédiction présidentielle.

Le Président se rend à Kananga, et tout un cortège ministériel lui emboîte le pas. Peu importe que le motif de la visite concerne l’inauguration d’une infrastructure locale, chaque portefeuille ministériel semble avoir une raison, aussi absurde soit-elle, de faire acte de présence. Ils suivent le chef de l’État avec zèle. Pourquoi ? Peut-être par peur de manquer un sourire présidentiel ou un mot flatteur dans le discours d’ouverture.

Kananga : capitale temporaire du gouvernement

La ville de Kananga se transforme pour quelques jours en une sorte de « capitale temporaire ». Pendant ce temps, les institutions nationales tournent au ralenti. Les rendez-vous officiels sont reportés, les documents attendent patiemment des signatures, et les Congolais se demandent si leurs dirigeants travaillent vraiment pour eux.

Alors que certains plaident pour une décentralisation effective, on observe plutôt une centralisation mobile où tout le gouvernement suit le chef comme des fidèles dans un pèlerinage improvisé.

L’héritage du mobutisme : flatter pour exister

Cette tradition d’accompagnement collectif ne date pas d’hier. Sous Mobutu, être vu auprès du maréchal garantissait un avenir politique radieux. Il semblerait que l’ère Tshisekedi n’échappe pas à cette vieille logique où flatter le chef prime sur le service public.

Mais ce zèle collectif ne trompe personne. Les Congolais ne demandent pas des ministres experts en banderoles, mais des responsables capables de résoudre des problèmes concrets. L’électricité, l’eau potable, les infrastructures… voilà des priorités que les citoyens aimeraient voir inscrites à l’agenda de ces fameux « déplacements officiels ».

Le vrai patriotisme : travailler, pas voyager

Et si, au lieu de suivre le Président comme une ombre, ces ministres restaient à leur poste pour travailler ? Car, au final, c’est par leur performance que le Président juge leurs compétences, et non par leur présence lors de ses déplacements.

Messieurs et Mesdames les dirigeants, faites simple. Laissez les inaugurations au chef de l’État et concentrez-vous sur vos ministères. La RDC n’a pas besoin d’une caravane gouvernementale itinérante. Elle a besoin de solutions, de résultats, et de dirigeants qui travaillent réellement à améliorer son avenir.

RL/lecorbeau.net

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