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RDC : Justice contre Justice – Le Garde des Sceaux se garde bien de comparaître

Kinshasa, 26 mai – C’est depuis le Palais de justice que Constant Mutamba a choisi de prononcer son homélie du jour. Entouré d’une foule de sympathisants, le ministre d’État à la Justice a déclaré tout net qu’il ne mettra jamais les pieds devant la Cour de cassation. Son tortionnaire désigné ? Le procureur général Firmin Mvonde, qu’il accuse d’être lui-même sous enquête. Traduction libre : “Tu ne peux pas me juger, tu es toi-même suspect. On ne se tire pas dessus entre anciens du même gang.”

Dans un élan de courage hautement théâtral, le ministre a clamé : « Je ne crains pas la prison, je suis prêt ! » – ce qui, pour un homme accusé d’avoir détourné 19 millions de dollars censés bâtir une prison fantôme, sonne presque comme une offre de logement auto-sponsorisée. Mieux encore, il a ordonné à ses collaborateurs de ne pas répondre aux convocations du parquet. Parce qu’en RDC, l’indépendance de la justice, c’est d’abord celle du ministre vis-à-vis des juges.

Et comme dans tout bon vaudeville politique congolais, les coups fusent des deux côtés. Mutamba dénonce un règlement de comptes d’ex-kabilistes, quand Mvonde veut lever l’immunité du ministre pour cause de « gros trous dans la caisse et zéro brique posée ». Le marché de gré à gré, selon Mutamba, serait « validé par le silence administratif ». Ah, la fameuse validation par mutisme… qui permettrait bientôt d’approuver aussi des ponts invisibles et des routes en hologramme.

Pendant ce temps, l’Assemblée nationale, présidée par un Vital Kamerhe soudain très légaliste, joue les équilibristes. Une commission spéciale est née – encore une – chargée d’écouter les deux justiciables qui s’accusent mutuellement de malversations. Une chose est sûre : si Kisangani attend encore sa prison, Kinshasa, elle, n’en manque pas… de théâtre judiciaire.

La rédaction satirique

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