RÉUNION TRIPARTITE : L’Art de la Diplomatie Dissoute – ou Comment Une Tripartite Devient Un Tête-à-Tête
C’était l’événement tant attendu, l’occasion en or de faire avancer la paix, ou du moins de faire semblant de le vouloir, entre la RDC et le Rwanda. Une rencontre tripartite qui devait se tenir à Luanda, mais qui a, sans surprise, sombré dans les abysses de l’annulation. Pourquoi? Parce que le Rwanda a décidé que, finalement, une réunion ce dimanche ne faisait pas partie de son programme de détente diplomatique.
Le communiqué de la présidence congolaise nous a informés que la délégation rwandaise avait gentiment refusé de participer. Eh bien, pourquoi faire simple quand on peut compliquer? Surtout lorsqu’il s’agit du conflit dans l’Est de la RDC, une zone où règne une paix tellement éphémère qu’on pourrait penser qu’elle n’a jamais existé.
Ainsi, les présidents Félix Tshisekedi et João Lourenço, dans une démonstration exemplaire d’adaptabilité, ont décidé d’en faire une rencontre en tête-à-tête. C’est un peu comme aller à une fête d’anniversaire et découvrir qu’il n’y a que deux invités, mais que, tout de même, on souffle les bougies pour sauver la face.
Cette tripartite transformée en duo est un coup dur pour la diplomatie, un genre de match de boxe où un des adversaires a décidé de ne pas monter sur le ring. Pendant ce temps, dans l’Est de la RDC, les combats entre les rebelles du M23 et les forces congolaises se poursuivent, comme une triste mélodie que personne ne semble pouvoir stopper.
Le Rwanda, fidèle à lui-même, avait pourtant mis une condition préalable avant de venir discuter : la tenue d’un dialogue direct entre la RDC et… le M23. Un geste audacieux, presque théâtral. Pour Kinshasa, cette proposition était l’équivalent d’inviter un pyromane à négocier le prix de l’extincteur après avoir mis le feu à la maison. Pas question, donc, d’accepter de dialoguer avec un groupe qualifié de « terroriste » par les autorités congolaises.
Le sommet devait aussi aborder le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais. Ce détail est presque comique, vu que Kigali continue de nier avoir des troupes là-bas, en dépit des preuves documentées par des experts de l’ONU. Ah, le déni ! Une compétence diplomatique souvent sous-estimée.
Pendant ce temps, la situation sur le terrain reste tragique. À Lubero, on ne parle pas de tête-à-tête mais bien d’affrontements, et cette impasse diplomatique ne fait qu’ajouter une épaisse couche de brouillard sur la possibilité d’une stabilisation dans la région. Mais qu’est-ce qu’une crise sécuritaire de plus ou de moins, quand les sommets continuent d’être annulés et que les grandes déclarations ne mènent nulle part?
La paix, apparemment, a encore raté son rendez-vous de dimanche.