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SUPRÊME MISÈRE : QUAND MONTER DES BUS TRANSCO VOUS FAIT DESCENDRE EN ENFER

Kinshasa –Dans l’usine de montage de bus Transco à Limete, on assemble des Mercedes-Benz, mais on démonte des vies. Ici, les ouvriers touchent un salaire si léger qu’il pourrait s’envoler avec la moindre brise : 135 dollars par mois, soit l’équivalent de trois pleins d’essence pour l’un des bus qu’ils fabriquent avec amour (ou plutôt avec résignation). Pas de primes, pas d’avantages… Juste la satisfaction inestimable de servir l’État congolais, qui, lui, débourse 150 000 dollars par véhicule. Une somme manifestement trop modeste pour envisager de rémunérer dignement les petites mains qui transforment la tôle en transport public.

Le service médical de l’usine est une révolution en soi : une boîte d’aspirine pour tous les maux. Malaria ? Aspirine. Migraine ? Aspirine. Fracture ? Aspirine. À ce rythme, l’OMS devrait venir prendre des notes sur cette médecine minimaliste et efficace… sauf que dans la vraie vie, ça ressemble plutôt à de la négligence criminelle. Et gare à celui qui osera s’absenter pour raison de santé : l’usine ne reconnaît que les maladies imaginaires ! Toute absence est “injustifiée”, sauf si elle est accompagnée d’un certificat signé par Saint-Pierre en personne.

Ce qui choque le plus dans cette fabuleuse entreprise, ce n’est pas seulement l’exploitation des ouvriers, mais surtout la manière dont elle est orchestrée. Selon les témoignages, les responsables indiens de l’usine dirigent d’une main de fer (forgée dans l’injustice sociale). Entre humiliations et menaces, ils appliquent un management inspiré des temps coloniaux, où l’ouvrier est une machine à produire et non un être humain.

Depuis deux jours, les employés tentent de briser leurs chaînes en revendiquant un salaire humain et un minimum de dignité. En retour, ils reçoivent exactement la même chose qu’en cas de maladie : rien, si ce n’est du mépris.

Pendant ce temps, les bus continuent de sortir de l’usine, flambant neufs, prêts à sillonner Kinshasa… pendant que leurs concepteurs, eux, peinent à s’offrir un simple ticket de transport.

Transco transporte tout le monde, sauf la justice sociale.

La rédaction

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